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ENQUÊTE.

Affaire Grégory : la justice va expertiser les appels du corbeau


Les appels téléphoniques anonymes annonçant la mort imminente du petit garçon, en 1984, ont été conservés précieusement. Ils vont être analysés par des experts judiciaires.

Les appels téléphoniques anonymes annonçant la mort imminente du petit garçon, en 1984, ont été conservés précieusement. Ils vont être analysés par des experts judiciaires.
Dans le dossier du petit Grégory, ce sera peut-être la dernière chance de découvrir la vérité. Face à l’échec des comparaisons ADN, ordonnées en octobre dernier par le parquet général de Dijon , la justice envisage cette fois de demander une expertise des scellés sonores du dossier. Selon nos informations, les sinistres appels du « corbeau », annonçant aux parents du garçonnet une imminente vengeance, devraient être prochainement analysés.
Ils avaient été passés avant l’assassinat de Grégory, ce petit garçon de 4 ans retrouvé noyé et ligoté, le 16 octobre 1984, dans la rivière vosgienne de la Vologne. Enregistrés par les grands-parents paternels et le père de l’enfant, ces appels téléphoniques constituent une pièce maîtresse du dossier et ont été précieusement conservés au greffe de la cour d’appel de Dijon. Par le passé, certaines de ces cassettes ont déjà été analysées par des experts judiciaires. L’un d’eux a conclu qu’il s’agissait d’une voix féminine maquillée. Un autre spécialiste, lui, a prudemment estimé qu’il ne pouvait pas se prononcer. Les progrès de la science permettront-ils une analyse plus pertinente aujourd’hui ? « C’est une certitude », affirme, plein d’espoir, un avocat du dossier. Une tâche qui s’avère néanmoins ardue.
« Dans ce type d’expertise, on travaille toujours sur des copies numériques des enregistrements et non sur les originaux », explique le lieutenant-colonel Bruno Vanden-Berghe, directeur adjoint de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN). Reconnus pour leur savoir-faire, les enquêteurs doivent d’abord « procéder à du débruitage pour éliminer tous les sons parasites, notamment le signal de fond », explique Bruno Vanden-Berghe. Modeste, il reconnaît le caractère aléatoire de telles recherches. « Le but premier consiste à savoir s’il s’agit d’une voix d’homme ou de femme. Mais une identification plus précise est très complexe, assure-t-il. La voix évolue, notamment à cause du stress. » Sur des cassettes vieilles de vingt-six ans, l’analyse promet d’être délicate.